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Photo du rédacteurLucyko

Le serpent de Minjvendar :

Dernière mise à jour : 6 juil. 2023

Un pêcheur passionné est un jour parti à la recherche de poissons rares à attraper. Pour cela, il s’est aventuré dans une caverne basaltique sur la côte après que la marée soit descendue. Il marcha un moment le long du ruisseau d’eau de mer, sautant de colonne en colonne, jusqu’à atteindre un lac. Sa profondeur était insondable à l’œil nu et la faible luminosité offerte par les pierres lunaires ne permettait pas de le distinguer non plus.

C’est alors qu’une immense créature sortit lentement de l’eau. Haute de vingt mètres et semblable à un puissant serpent marin pourvu de barbillons sur le bout du museau, il fixa le pêcheur de ses yeux blancs. Effrayé, l’homme prit ses jambes à son cou et retourna à son village. Tous se rirent de lui, trouvant son récit si improbable qu’ils lui recommandèrent de boire moins de liqueur en allant pêcher.

Son témoignage attira néanmoins l’attention d’une jeune fille fort curieuse. Elle décida de se rendre également dans la caverne et découvrit le lac secret. Après cinq minutes d’attente, l’immense créature se montra dans toute sa splendeur, la lumière des gemmes se reflétant sur ses écailles. Elle prit peur à son tour et retourna au village pour raconter son aventure. Les autres se moquèrent un peu d’elle, mais un doute subsistait désormais dans leur cœur.

Le lendemain, un homme alla visiter le lac de la caverne et rencontra également le serpent. Il retourna au village qui crut enfin à tout cela. Inquiets que la créature ne puisse être dangereuse, ils formèrent une équipe munie des armes qu’ils pouvaient trouver : des fourches, des couteaux et des harpons. Ils allèrent dans la caverne et aussitôt que le serpent fut sorti de l’eau, ils l’attaquèrent. La bête ne pouvait être abattue aussi facilement. Ses écailles étaient aussi dures que de l’acier et sa rapidité dans l’eau n’avait aucun égal. L’expédition au complet périt sous ses mâchoires ou noyée.

La rumeur commença à parcourir la région entière, puis le pays : une créature sanguinaire résidait dans les cavernes de Minjvendar. Plusieurs braves tentèrent de l’occire, en vain. Jusqu’au jour où un voyageur désarmé se présenta à elle. Ils se regardèrent un instant, sur le qui-vive, avant que le jeune homme ne la questionne. À sa grande surprise, la bête était dotée de la parole.

― Que veux-tu, voyageur ?

― Salutation, ô serpent des eaux salées. Dis-moi, pourquoi tuer ceux qui viennent à toi ?

― Je ne fais que me défendre. Pas une seule fois, je n’ai tué sans raison.

― Pourquoi es-tu ici, dans ce cas ? Pourquoi hanter ces lieux ?

― Je ne hante point, je suis ici pour apporter la bonne fortune. Honte à ceux qui sortent une lame sans poser de question ou faire preuve d’un minimum de politesse.

― De bonne fortune ? Quel genre ?

― Je peux faire venir à toi ton âme sœur si tel est ton souhait. Tout ce que je demande en échange est un peu de poisson.

― Juste du poisson ? De quel type ?

― Tout ce que tu voudras.

― Très bien, je vais t’en quérir.

Il souhaita une bonne journée au serpent et alla dans plusieurs endroits pour chercher le meilleur coin de pêche. Sur son chemin, il rencontra à des jours différents deux personnes : un bûcheron et une forgeronne. Il leur raconta l’étonnante vérité sur la créature de la caverne. Enhardis, les deux allèrent tenter leur chance. Alors que le voyageur essayait encore de pêcher le poisson qu’il désirait, l’homme s’approcha de lui avec colère.

― Tout ceci n’était que mensonge ! Je lui ai apporté une sardine et en sortant de la caverne, j’ai été nez à nez avec une vieille dame aigrie et acariâtre ! Elle m’a donné des coups de bâton jusqu’à ce que je déguerpisse.

― Je suis navré que cela n’ait point marché pour vous.

Le voyageur ne fut même pas salué que le bûcheron partit d’un pas furibond et le laissa seul. Il haussa les épaules et reprit sa pêche avec patience. Un autre jour, la forgeronne donna une claque dans son dos avec son gant épais pour attirer son attention. Elle était scandalisée.

― J’ai offert mes plus beaux filets, mais ce serpent fait la fine bouche ! J’ai eu un lépreux au pas de ma porte !

― Je suis navré que cela n’ait point marché pour vous.

Elle partit en grognant et en marmonnant dans sa barbe. Le voyageur, quant à lui, reprit sa pêche. Après presque un mois de patience et à la nuit tombée, il parvint enfin à sortir de l’eau une carpe de quinze kilos aux écailles d’argent. Fier, il plaça le poisson dans un baquet remplit d’eau salée, plaça ce dernier sur une petite charrette et lança sa monture. Il se dépêcha de se rendre au bord de mer à une demi-journée de marche et entra dans la caverne avec sa charge. C’est essoufflé et à bout de force qu’il arriva au lac. Le serpent émergea des eaux de toute sa hauteur.

― Salutation, ô serpent des eaux salées. Permets-moi de t’offrir ce présent.

Il libéra le poisson dans le lac et le serpent siffla avec satisfaction.

― Une carpe de lune, encore vive et en santé. Tu as largement mérité ma bénédiction.

― Quand et comment le saurais-je ?

― Vois-le donc de tes yeux.

Le serpent retourna dans l’eau pour nager avec la carpe. Le voyageur les regarda un instant avant d’entendre des pas s’approcher de lui. Il tourna la tête et découvrit un magnifique jeune homme de son âge qui regardait autour de lui avec un air égaré. Lorsque leur regard se croisa, son cœur bondit dans sa poitrine et il sut qu’il était celui envoyé par le serpent. Il sourit et vint à sa rencontre.

Bon nombre de bénédictions s’offrent à nous. Comprendre ce qui est nécessaire de faire pour les obtenir est aussi important que de ne pas faire preuve d’avarice.

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